Interview annulée au dernier moment pour l'encart d'une pub Guetta dans le magazine papier du programme des Rendez-Vous Electroniques

Technopol : Peux tu nous présenter le principe du label Ekart ?

- EKART est un anti-label sur les réseaux d’échanges P2P (Peer to Peer) via le logiciel gratuit Emule. Il indexe grâce à un mot-clef des fichiers numériques (musique, clips, photos, textes etc.). Chaque fichier doit contenir dans sa désignation la racine “ ekart ”. Exemple : PIG-encules-ekart.mp3. Ainsi en tapant le nom de code “ ekart ” dans votre requête sur Emule, vous accédez à la quasi-totalité des fichiers loggés EKART. Ces fichiers sont ainsi labellisés à la manière d’un label à la différence qu’il est gratuit et ouvert à tout le monde. Comme tout “media-virus”, il est ultra-simple et se dissémine en opérant avec la logique libertaire du Réseau. Grâce à sa politique d’ouverture (il suffit d’être équipé du minimum syndical technologique pour en jouir et participer) EKART est boosté par l’altérité constante, fluctuante de fichiers déposés au fur et à mesure. EKART accueille ainsi dans sa matrice, la “ part maudite ” que l’art - ce Mythe - a besoin. Ce non-filtrage est donc “ dangereux ” (il peut accueillir des bugs esthétiques, des ratages…) mais c’est justement à ce niveau que son degré de fusion entre arts, politiques et réseaux est un manifeste opératoire (rien que par son existence médiatique dans cette interview). En élargissant le contexte et la problématique, EKART peut être comparé à une exposition permanente dotée d’une programmation chaotique-aléatoire. Cette proposition d’appropriation contextuelle est l’œuvre de DAVID GUEZ. En deux mots, EKART est un programme de hack-culturel, une œuvre collective nuisible (symboliquement) à l’actuelle configuration culturelle basée sur la rétention, la sélection d’un pouvoir libéral de type pyramidal. N’en déplaise aux salariés des institutions qui se cachent derrière des appellations de police (“ commissaires ”) ou des imposteurs aux fonctions conceptuelles-obsolètes (“ curateurs ” ; “ agents d’art ” etc.).

- En tant qu'artiste, Keske t'apporte ce type de label ?

- La Liberté de me libérer. Je renie l’appellation “artiste ”, je préfère “crevard” : ça me motive plus par rapport à ma durée de vie. La liberté donc de proposer une multitude de fichiers copyleftés (ou “ no copyright ” comme mes anti-clips) avec la possibilité de déposer toutes sortes de propositions intelligentes, sensibles, parfois débiles (voir dégénérées), du porno (des trois dee pee vaginales…) - sans la peur d’une censure étatique et dénué d’un filtrage esthétique - et surtout, d’échanger avec un artiste de ma génération et non avec un curateur formaté par “ l’Art Moderne ex-Art Contemporain ”. L’art n’est pas seulement “à l’état gazeux” mais à l’état de flux. L’intermédiaire EKART est une interface de partage performante au service de la communauté et non le contraire. Un bon vieux doua cyberpunk à l’ancien pouvoir relationnel. Un FIAC-OFF! jouissif aux anciens monopoles esthétiques marchands télécommandés par la hype décisionnaire “ à la ramasse ” niveau interfaces contemporaines. Cette même hype qu’il fallait au 20ème siècle “séduire” sous forme d’illustrations-installations muséales (après des études-démos) où sucker pour être drivé par le “shérif” Machin-Chose pour reprendre une expression de pavu.com. ART-PRESS avait intitulé un hors-série “ Oublier l’exposition ” (…) EKART me permet également de continuer ma logique d’ALIBI-ART et de FIAC-OFF !. J’avais en 2000 microfinancé une compilation “Approved by Alibi-Art” avec 3 artistes anonymes. J’ai redéposé des inédits sur EKART notamment un single que RADIO FG ou NOVA ne pourront jamais diffuser : “Enculés” de P.I.G qui casse les grandes marques et un morceau “ gazeux ” des casseurs2hype : “ J’ai pas trop la forme ”. Quant à FIAC-OFF !, en 2O01, la troisième et dernière édition s’intitulait : “ Les Nouveaux Réseaux ”… -

- L'avenir de la diffusion artistique passe-t-il selon toi par les réseaux ?

- Les réseaux ont toujours existé mais aujourd’hui la technologie de masse - qui va être de plus plus “ nano ” et “ nomade ”- nous permet de les infiltrer et surtout d’en programmer d’autres plus perfectibles et généreux dans leur conception. Et ce n’est pas l’avenir , c’est “ déjà demain ”. Wellcome aboard.

RDV le samedi 11 septembre 2004 au Stand Ekart @ Pavillon de l'Arsenal (annulé aussi) et dernières nouvelles d'EKART)